A la fin de ses études, Charlotte a souhaité voyager pour découvrir le monde et au fil de ses voyages, elle a pris conscience de l’état de la planète. Notre mode de vie Européen a des impacts très néfastes sur la planète et d’autres pays en paie les conséquences. On les montre souvent du doigt mais est-ce vraiment leur faute ?
Charlotte a souhaité partager avec nous ses découvertes et sa vision beaucoup plus large de la planète et de notre Humanité.
Pourrais-tu te présenter ?
J’ai 26 ans et je suis née et ai grandi à Rennes jusqu’à mes 20 ans.
J’ai une licence en Economie et un Master 2 en marketing Digital. C’est à partir de ma 3eme année d’études que j’ai commencé à bouger, dans un cadre universitaire d’abord : L’Allemagne pendant 1 an avec le programme Erasmus, puis à Laval pendant 6 mois pour un stage puis Paris pendant 2,5 ans pour étudier et travailler. Depuis Août 2015, je voyage et je travaille de manière « saisonnière » : J’ai été au Pair à Sydney (Australie) pendant 4 mois, puis j’ai travaillé dans une ferme de mandarines pendant 4 mois près de Brisbane (Australie). J’ai également été monitrice de ski à Crans-Montana (Suisse) pendant 5 mois l’hiver dernier.
J’adore le sport et les voyages et je me suis récemment mise à tricoter et je m’intéresse beaucoup à l’aromathérapie.
D’où t’es venue l’idée de voyager et pourquoi ?
A la base, je partais en vacances 3 semaines en Nouvelle-Calédonie pour rendre visite à un ami parti y vivre 6 mois. Et puis finalement j’ai annulé mon billet retour avant même d’être sur place : l’opportunité d’être à l’autre bout du monde ne se représenterai peut-être pas de ci-tôt. Alors j’ai quitté mon appartement à Paris, j’ai refusé une proposition de job dans l’entreprise où je travaillais ! J’y suis restée 2 mois puis j’ai enchaîné avec l’Australie et de rencontres en rencontres j’ai continué à voyager.
Comment choisis-tu tes destinations ? Comment les organises-tu ?
Nous les choisissons à deux, le dernier voyage de 9 mois (après être rentrée 8 mois en France / Suisse) était centré sur l’Asie. Nous essayons de choisir les destinations en fonction des saisons car la mousson là bas peut être très forte. Mais nous n’avons absolument rien de fixé, nous traversons la plus part des frontières en bus ou trains locaux…il nous arrive de choisir notre destination la veille pour le lendemain !
Seules des destinations comme l’Indonésie, les Philippines doivent être « organisées » puisqu’un billet d’avion est nécessaire.
Pourrais-tu nous raconter tes voyages, les pays que tu as visité ? Quels sont les périples qui t’ont le plus marqués ? Ceux que tu as préféré ?
Je prends chaque pays comme il est, je n’arrive pas en me disant « j’espère que ce sera comme ci ou comme ça ». Je m’adapte et lorsqu’un endroit ne me plaisait vraiment pas, et bien je montais dans un bus et je m’arrêtais plus loin. Je vais essayer de faire un petit résumé de ce qui m’a marqué dans chaque pays :
La Nouvelle Calédonie, 2 mois : C’est un pays d’outre mer français mais tellement différent de la France… que ce soit sur les paysages, la culture, le mode de vie… J’ai eu la chance de pouvoir vivre quelques jours au sein des tribus locales (grâce à mon ami français qui avait de nombreuses connaissances là bas). C’est ici que tout à réellement commencé : les road-trip de plusieurs jours en voiture avec une tente, l’envie de découvrir toujours plus avec des personnes rencontrées quelques jours auparavant.
L’Australie, 8 mois : Une vie à l’occidentale, mais dans un pays mesurant 14 fois la France, ça laisse de belles opportunités. J’ai vécu en van pendant 5 mois, c’était vraiment top ! L’espace de vie en soit est très petit mais nous étions tellement libres !
L’indonésie, 1 mois : Bali mais pas que, nous avons pris un billet pour l’Est de l’archipel direction Flores et ses célèbres Dragons de Komodo. Une île incroyable, des paysages dingues, un trek sur un volcan, peu de touristes et la population locale au top… Authentique !
La Thaïlande, 1 mois : Très touristique, mais des paysages incroyables et encore des îles préservées, comme Koh Chang que j’adore.
Coupure de 8 mois avec la saison au ski à Crans-Montana.
Le Sri Lanka, 1 mois : Une culture bien particulière, un pays avec une diversité incroyable et une population très chaleureuse.
L’Indonésie, 2 mois : Cette fois-ci l’île de Java, Bali et de Lombok. Coup de cœur pour Lombok avec le trek de 3 jours sur le volcan Rinjani : Physiquement très dur mais une expérience inoubliable.
La Thailande, 1 mois : Ma sœur m’a rejoint pour son premier grand voyage, du coup nous sommes plus restées sur les sentiers battus, culturellement la Thaïlande à beaucoup à offrir.
Le Laos, 1 mois : Énorme surprise ! Un pays calme, magnifique, très peu visité, la population locale est adorable, et de très belle rencontre de voyageurs !
Le Vietnam, 1,5 mois : Difficile de s’y acclimater après le Laos, 100 millions d’habitants et autant de moto et scooter, des klaxons, du bruit… Mais avec du recul c’est un pays qui offre tellement d’opportunités : la gastronomie locale est délicieuse, nous avons visité les montagnes du Nord pendant 7 jours à moto c’était incroyable.
Les Philippines, 2 mois : Des plages de rêves, les Philippins parlent très bien anglais donc nous avons eu des échanges et des moments très intéressants avec les locaux. Ce sont des gens d’une extrême gentillesse et la vie est tellement tranquille sur place.
Le Cambodge, 1 mois : Le Cambodge est un pays culturellement très riche, la visite des temples d’Angkor était incroyable. Je me suis sentie de nombreuse fois mal à l’aise face à la pauvreté de la population et surtout face aux nombreux handicapés physiques que j’ai croisé, principalement victimes des bombardements Américains autours des années 70. Une magnifique expérience sur une île surnommée « Crusoe » : pas d’électricité, pas de wifi, pas de route, la coupure totale pendant 7 jours !
Quelle était ta sensibilité à la nature, l’écologie, la protection de la planète avant de voyager ? Voyais-tu l’urgence d’agir avant tes voyages ? Quel était ton mode de vie ?
J’étais déjà sensible à tous ces sujets : je me déplace autant que possible à vélo, en transport en commun ou en co-voiturage, je recyclais déjà énormément, j’aimais donner une seconde vie aux objets, j’essayais de consommer au maximum des produits locaux en allant au marché chaque semaine.
L’urgence d’agir je la voyais mais j’ai peut-être plus de solutions maintenant en ayant voyagé.
Et puis ensuite, au fil de tes voyages, en t’immergeant dans la vie des gens, as-tu pris conscience de certaines choses ? As-tu vu des désastres écologiques ? As-tu des exemples ou des anecdotes à nous raconter ? Des bonnes comme des mauvaises !
En voyageant, on simplifie son mode vie. Je consommais moins globalement, je jetais donc moins, j’économisais aussi plus car le budget est limité. Et paradoxalement, l’ensemble des pays d’Asie sont très pollués, de pollution que j’appelle « quotidienne » c’est à dire que les rues, les plages, les grands espaces sont souvent plein de plastique, d’électroménager inutilisable…Alors oui ça choque, mais j’ai vite réalisé que les populations ne sont absolument pas informées ni éduquées sur ces sujets. Ces pays (sauf la Thaïlande actuellement) n’ont jamais entendu parler du tri… On ne peut donc pas leur jeter la pierre ! Lorsque je refusais un sac plastique, ils me regardaient avec des grands yeux…
Mais c’est terrible d’arriver sur une plage magnifique, paradisiaque qui est couverte de gobelet en plastique, de sacs plastiques…
A coté de ça j’ai également rencontré des locaux, en Indonésie notamment, qui me parlaient de leurs projets afin de protéger de la pollution le volcan Rinjani.
Il faut également prendre conscience qu’un gros pourcentage de cette pollution arrive par la mer, ce sont donc aussi NOS déchets qui arrivent chez eux. Arrêtons de nous renvoyer la balle, tout le monde peut agir.
Dans certains bars, les pailles en plastique sont bannies : des pailles en bamboo réutilisables les ont remplacées. Ce genre d’initiative est également possible chez nous…
Ces différentes situations ont-elles changé ta façon de voir ta propre consommation ?
Bien sûr, j’étais déjà écolo mais je fais d’autant plus attention maintenant ! Je refuse autant que possible les sacs plastiques, j’essaye d’acheter en gros, je me mets petit à petit à remplacer les produits quotidien par du fait maison bio…Ce sont des gestes simples mais multiplier par le nombre que nous sommes, ça peut vite faire changer les choses.
Comment situerais-tu la France, est-on bon ou mauvais élève en terme écologique ?
En termes de recyclage, nous ne sommes pas mauvais élève. Même il reste beaucoup de chemin à faire pour « éduquer » la population et pour que nous soyons tous sensible à cette cause mais il me semble que l’on avance vite. En revanche, le problème de fond est notre sur-consommation… Le recyclage n’est pas la solution. Il faut que l’on consomme de manière plus raisonnable et plus réfléchie. Ce n’est pas difficile, il faut simplement en avoir envie.
Dis-nous tout, malgré ces magnifiques voyages, qu’est-ce qui te manquait le plus ? Qu’est-ce que tu regrettais de ta vie “normale” ?
Il y a des jours où la fatigue s’installe et alors chercher un resto, l’auberge où dormir, les endroits à visiter aux alentours deviennent compliqués : en quelque sorte, c’est la « routine » qui me manquait… ça parait dingue mais c’était assez fréquent chez les nombreux voyageurs que je rencontrais. Voyager sur du long terme n’a rien à voir avec des vacances. Les points positifs l’emportent bien sûr largement sur tout le reste ! C’est une expérience que je recommande à 100% !
Tu es revenue en France il y a 3 mois, qu’as-tu fait à ton retour ?
J’ai essayé de revoir un maximum de proches et je suis partie 1mois à Crans-Montana pour skier, le voyage a été écourté pour venir profiter de la neige !
Si tu devais faire un petit bilan de tout ce que tu as vu et vécu, qu’en retiendrais-tu, qu’est-ce que tout cela t’a apporté personnellement ?
J’ai compris qu’il y a des centaines de façons différentes de vivre sa vie, que ce soit par choix ou parce que l’on est né à un certain endroit sur Terre. Nous avons la chance de faire partie des gens qui peuvent choisir.
Le voyage permet de relativiser sur beaucoup de situations du quotidien : par exemple, à Paris, si mon bus avait 10 min de retard cela m’énervait, en Asie il m’arrivait d’attendre 1 heure ou 2 parfois par rapport à l’horaire indiqué.
Je réalise également à quel point nous sommes assistés en Europe, et principalement en France : là-bas, ils prennent les situations avec beaucoup plus de philosophie et n’attendent rien de personne. Lors des typhons qui provoquent régulièrement des inondations dans de nombreuses régions, ils sont patients puis nettoient et reprennent leur activité dès qu’ils le peuvent. Ce sont de belles leçon de vie. Nous sommes EXTRÊMEMENT chanceux de vivre en France, de recevoir des aides, des assistances…
On parle de plus en plus de l’urgence écologique, du réchauffement climatique, de l’extermination des espèces animales…Quel est ton regard aujourd’hui sur ces sujets ?
Je me renseigne énormément sur ces sujets, via des articles de journaux, des documentaires ou encore des rencontres avec des personnes qui agissent pour ces causes mais je n’arrive pas encore personnellement à agir suffisamment. J’essaye de convertir ma famille à consommer bio, local, en me disant que si ils commencent à le faire ils en parleront probablement autour d’eux et le message passera de plus en plus.
Il me semble qu’au niveau politique le débat s’ouvre mais que les grandes industries pèsent trop lourd financièrement pour que les Etats agissent réellement. Cependant je reste persuadée que de petites actions quotidiennes améliorent la situation.
Il y a une certaine prise de conscience pour ces problèmes, beaucoup de personnes modifient leur mode de vie et leur consommation pour être plus ZD (Zéro Déchet), plus locavore, plus végétarien, plus bio, revenir au vélo, on parle d’économie circulaire… certains changent même leur profession en ouvrant des boutiques de produits bio, locaux ou en vrac, pour créer des produits plus durables, de plus en plus de personnes veulent travailler plus près de la nature ou pour la protéger. Que penses-tu de cette prise de conscience ? As-tu l’impression qu’une nouvelle révolution est en marche ?
Oui, effectivement. Une partie de la population commence à sérieusement changer de mode de vie, et c’est très bien !
Nous devons nous investir à notre échelle : Arrêtons ces discours « oui mais les grandes entreprises » ou « oui mais moi tout seul je ne changerai pas le monde », tout le monde peut et doit agir ! Nous vivons dans une société influencée et influençable.
Après tout ce que tu as observé durant tes voyages, que faudrait-il faire d’un point de vue plus global pour arrêter ce désastre ? Si tu avais le pouvoir de faire évoluer les choses, qu’aimerais-tu changer ?
Si j’en avais les moyens…
– Stopper le gaspillage alimentaire et la sur-consommation dans nos assiettes : Arrêter la production de masse qui utilise des pesticides et engrais, arrêter la pèche et l’élevage de masse
– Stopper les produits jetables en plastique : pailles, verres, couverts…
– Prendre le bus, le vélo ou ses jambes dès que possible
Quels sont tes projets maintenant ? Des nouvelles destinations en vue ?
Quelques mois de travail (je ne sais pas encore dans quel domaine ni où) et ce sera direction l’Amérique du Sud !
Pour conclure, quel message aimerais-tu que l’on retienne de tout cela ?
Il faut ouvrir son esprit, s’ouvrir sur le monde. Je conçois que tout le monde n’ait pas les moyens (financiers ou autres) de voyager… mais il existe de nombreux reportages, blogs, groupe de parole pour s’informer sur le monde qui nous entoure.
Autre chose à ajouter ?
Ton engagement est remarquable 🙂
MERCI !!!
Un grand merci à Charlotte pour ce partage. Nous espérons que son expérience participera à faire avancer les comportements. Nous ne pouvons que lui souhaiter de nombreux autres beaux voyages et de belles expériences de vie. Bonne route !